La peinture métisse

Si la photo s’est appropriée depuis longtemps ce privilège de la description et de la représentation qui appartenait à la peinture, elle a sans nul doute contribué considérablement à sa modification.
La forme hybride que prend chacune d’elles aujourd’hui (peinture-photo, photo-peinture) comme un jeu artistique, apparaissait déjà chez les dadaïstes des années 20 (Hausmann, Rodtchenko…) sous forme de photomontages ou de photocollages, qui depuis a abouti à un métissage esthétique, aboutissement logique de la convergence des arts plastiques à l’heure de la modernité. Cette nouvelle esthétique du métissage, qui bat en brèche le “purisme” de l’art, une sorte d’ordre imposé par l’art classique, est plus qu’un mélange des arts, c’est l’élaboration de configurations visuelles nouvelles qui, dès les années 80 donneront naissance à ce que l’on appellera des photo – peintures, photo – sculptures, photo – vidéo, photo -installations ect… A la manière d’autres artistes comme Paolo Gioli, Boyd Webb, le travail de A. Bouras participe de ce décloisonnement des pratiques artistiques, de ce jeu d’échange entre les arts, de l’entrecroisement des styles et des genres.
Appartenant à cette catégorie que les théoriciens de l’art nomment “photographes-plasticiens” ou encore “néopictorialistes”, il agit pour une valorisation complète du geste artistique, confirmant, de cette manière, incursion rare et précieuse, l’intégration de la photo dans le champ des arts plastiques algériens..
Par l’utilisation du pinceau, de la brosse, du grattoir, en colorant les clichés, en les reportant ou les superposant sur la toile, il donne du relief à l’image, de la matière, enfin ce côté charnel qui fait sa présence.
Au bout du compte, le photographe – plasticien, opère un véritable réaménagement des catégories esthétiques, abolissant ainsi les clivages, réconciliant l’art et la technique.
Dans cette opération magique, surgit un personnage fauve, balafré de vert, de jaune et de rouge, traversé de vibrations et sons stridents . Mais ces photos – peintures, bien composées, sensibles, au couleurs pures chargées d’une émotion difficilement contenue, de sons stridents, semblent malgré tout affirmer leur appartenance au champ “sacré” de la peinture. La séduction des valeurs esthétiques traditionnelles et un certain académisme, associés au besoin d’être compris restent présents. C’est là le cœur de cette problématique : l’artiste partagé entre deux types d’images, deux formes de représentation du monde et la difficulté de trouver un compromis. Situation quelque peu conflictuelle pour l’artiste indécis entre le monde physique, très réel de la peinture, de son support, ses couleurs, son grain et celui de la photo, l’image par excellence, l’instantané; il réalise alors, à travers ses “fenêtres”, lucarnes ouvertes sur le monde, cette association entre la pérennité de la peinture et la fugacité de la photo. Les images ainsi créées remettent en question les conditions de la perception , le sens de l’image elle-même et de sa réception; c’est une attitude qui dépasse le questionnement critique de l’artiste pour aller vers une vision très contemporaine de l’image .
C’est alors, que, fasciné par le modèle du cinéma, de l’écran, de l’audiovisuel, A. Bouras aboutit à l’installation cinétique et la projection d’images, confrontant les dispositifs photographiques et picturaux, la photo de l’écran télévisuel et cette autre forme de l’image qu’est la peinture ; son “journal télévisé”, par exemple, reconstruit un réel tragique où le mouvement des images s’accorde à la violence des couleurs, pour susciter un sentiment indéfinissable de malaise et d’inquiétude. C’est tout un comportement syncrétique qui se construit en fin de compte autour de deux choses essentielles, deux effets, celui du temps et celui du mouvement qui s’inscrivent dans ses icônes où se juxtaposent deux complémentaires de son être d’artiste la maîtrise de la technique et sa rationalité et l’irrationnel d’une peinture instinctive.
Nadéra Laggoune-Aklouche
La forme hybride que prend chacune d’elles aujourd’hui (peinture-photo, photo-peinture) comme un jeu artistique, apparaissait déjà chez les dadaïstes des années 20 (Hausmann, Rodtchenko…) sous forme de photomontages ou de photocollages, qui depuis a abouti à un métissage esthétique, aboutissement logique de la convergence des arts plastiques à l’heure de la modernité. Cette nouvelle esthétique du métissage, qui bat en brèche le “purisme” de l’art, une sorte d’ordre imposé par l’art classique, est plus qu’un mélange des arts, c’est l’élaboration de configurations visuelles nouvelles qui, dès les années 80 donneront naissance à ce que l’on appellera des photo – peintures, photo – sculptures, photo – vidéo, photo -installations ect… A la manière d’autres artistes comme Paolo Gioli, Boyd Webb, le travail de A. Bouras participe de ce décloisonnement des pratiques artistiques, de ce jeu d’échange entre les arts, de l’entrecroisement des styles et des genres.
Appartenant à cette catégorie que les théoriciens de l’art nomment “photographes-plasticiens” ou encore “néopictorialistes”, il agit pour une valorisation complète du geste artistique, confirmant, de cette manière, incursion rare et précieuse, l’intégration de la photo dans le champ des arts plastiques algériens..
Par l’utilisation du pinceau, de la brosse, du grattoir, en colorant les clichés, en les reportant ou les superposant sur la toile, il donne du relief à l’image, de la matière, enfin ce côté charnel qui fait sa présence.
Au bout du compte, le photographe – plasticien, opère un véritable réaménagement des catégories esthétiques, abolissant ainsi les clivages, réconciliant l’art et la technique.
Dans cette opération magique, surgit un personnage fauve, balafré de vert, de jaune et de rouge, traversé de vibrations et sons stridents . Mais ces photos – peintures, bien composées, sensibles, au couleurs pures chargées d’une émotion difficilement contenue, de sons stridents, semblent malgré tout affirmer leur appartenance au champ “sacré” de la peinture. La séduction des valeurs esthétiques traditionnelles et un certain académisme, associés au besoin d’être compris restent présents. C’est là le cœur de cette problématique : l’artiste partagé entre deux types d’images, deux formes de représentation du monde et la difficulté de trouver un compromis. Situation quelque peu conflictuelle pour l’artiste indécis entre le monde physique, très réel de la peinture, de son support, ses couleurs, son grain et celui de la photo, l’image par excellence, l’instantané; il réalise alors, à travers ses “fenêtres”, lucarnes ouvertes sur le monde, cette association entre la pérennité de la peinture et la fugacité de la photo. Les images ainsi créées remettent en question les conditions de la perception , le sens de l’image elle-même et de sa réception; c’est une attitude qui dépasse le questionnement critique de l’artiste pour aller vers une vision très contemporaine de l’image .
C’est alors, que, fasciné par le modèle du cinéma, de l’écran, de l’audiovisuel, A. Bouras aboutit à l’installation cinétique et la projection d’images, confrontant les dispositifs photographiques et picturaux, la photo de l’écran télévisuel et cette autre forme de l’image qu’est la peinture ; son “journal télévisé”, par exemple, reconstruit un réel tragique où le mouvement des images s’accorde à la violence des couleurs, pour susciter un sentiment indéfinissable de malaise et d’inquiétude. C’est tout un comportement syncrétique qui se construit en fin de compte autour de deux choses essentielles, deux effets, celui du temps et celui du mouvement qui s’inscrivent dans ses icônes où se juxtaposent deux complémentaires de son être d’artiste la maîtrise de la technique et sa rationalité et l’irrationnel d’une peinture instinctive.
Nadéra Laggoune-Aklouche
Serment (Galerie & Vidéo) • Stani Chaine & Nelly Gabriel • N’Goné Fall, Rachida Triki & Bisi Silva